Même si les risques des rayonnement ne doivent pas être sous-estimés, il ne faut pas oublier les bénéfices de l'imagerie, explique le Pr Hubert Ducou Le Pointe (Société française de radiologie).
Les particularités de l'imagerie pédiatrique par rapport à l'imagerie des adultes résident tout d'abord dans l'adaptation de la prise en charge et des techniques d'exploration à l'enfant et ensuite dans l'interprétation des images par le médecin radiologue. En effet, les pathologies pédiatriques sont plus fréquemment malformatives ou infectieuses, celles des adultes étant plutôt liées à des processus dégénératifs ou tumoraux.
Les méthodes d'exploration par imagerie sont nombreuses: radiographie simple, scanner, échographie et IRM pour ne citer que les plus fréquentes. Rappelons d'abord que l'échographie utilise des ultrasons, que l'IRM consiste à étudier la relaxation des protons des atomes d'hydrogène préalablement excités par une onde radiofréquence et que les radiographies ou le scanner ont recours aux rayons X. Les rayons X sont des rayonnements invisibles capables de traverser le corps humain qui les arrête partiellement. C'est le caractère ionisant de ces rayonnements X qui est source de questionnement.
Une sensibilité accrue
Nous savons que les rayonnements X à fortes doses ont des effets secondaires comme les «radiodermites». Ces doses ne sont pas atteintes dans le cadre de l'imagerie diagnostique. En revanche, les effets secondaires des faibles doses sont beaucoup moins connus, en particulier l'apparition de mutations génétiques et de cancer, car ils peuvent survenir bien après l'exposition et ne se distinguent pas des affections naturelles. De plus, l'enfant, comme tout organisme en développement, a une sensibilité accrue aux rayonnements ionisants. S'il n'existe pas de preuves que les examens d'imagerie diagnostique sont à l'origine de cancers, des études épidémiologiques internationales récentes, mais non dénuées de biais méthodologiques, suggèrent un excès de risque lié à l'usage du scanner en pédiatrie. En raison de cette incertitude, les organismes internationaux et nationaux utilisent le «principe de précaution» pour établir la réglementation, comme s'il existait, même à faibles doses, une relation linéaire entre la dose et le risque.
Pour comprendre la complexité du problème, il faut savoir que l'imagerie médicale n'est pas la seule source d'exposition aux rayonnements ionisants. Nous sommes exposés quotidiennement à de faibles doses de rayonnements ionisants qui proviennent de nombreuses sources: de l'air que nous respirons, des sols, des rayonnements cosmiques, des matériaux de construction, de l'eau, des aliments…
Évaluer le bénéfice
La radioprotection désigne l'ensemble des mesures prises pour assurer la protection de l'homme contre les effets néfastes des rayonnements ionisants. Tous les médecins radiologues et leurs collaborateurs bénéficient d'une formation initiale et continue obligatoire en radioprotection. Les deux grandes règles de radioprotection, justification et optimisation, sont mises en œuvre au quotidien par les professionnels.
La justification réside dans le fait que, comme dans tout acte médical, le bénéfice doit être supérieur au risque. Il appartient au médecin radiologue de valider l'indication de l'examen demandé par votre médecin, voire de proposer un autre examen permettant de répondre à la question qu'il se pose. Il est ainsi parfois possible de remplacer un examen utilisant des rayons X par un examen n'en utilisant pas, comme l'échographie ou l'IRM. Par exemple, la recherche d'une luxation congénitale de hanche ne s'effectue plus par une radiographie du bassin mais par une échographie réalisée à la fin du premier mois de vie. De même pour rechercher une appendicite, la radiographie de l'abdomen a été remplacée par l'échographie.
L'optimisation des doses utilisées est de la responsabilité des radiologues et des manipulateurs qui ont l'habitude d'utiliser le minimum de rayons nécessaires à l'obtention d'un examen permettant de répondre aux questions posées. Ces mesures sont prises pour tous les patients, mais sont encore renforcées pour les examens pratiqués chez les enfants. Les progrès réalisés par les industriels permettent d'effectuer des scanners avec des niveaux d'exposition bien moindres qu'il y a dix ans ou de suivre des scolioses grâce à la technique EOS avec des doses divisées au moins par un facteur 7. Si le risque des rayonnements ionisants ne doit pas être sous-estimé, il ne faudrait pas que la crainte d'effets secondaires soit responsable d'une perte de chance pour les enfants et fasse oublier les importants bénéfices apportés par l'imagerie aux malades.
Article publié dans le Figaro Magazine